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Le théâtre est un univers où les croyances et les superstitions sont légion.
Parmi elles, le vert est une couleur souvent considérée comme porteuse de malheur.
Mais d’où vient cette croyance et quels sont les faits qui l’entourent ?
Nous nous proposons d’examiner les origines de cette superstition, les explications historiques et scientifiques, ainsi que les témoignages et anecdotes qui illustrent la place du vert dans l’imaginaire théâtral.
Enfin, nous nous interrogerons sur la pertinence de cette croyance à l’heure actuelle et sur les conséquences qu’elle peut avoir sur la création artistique.
Origines et histoire de la superstition du vert au théâtre
La couleur verte est associée au malheur dans l’univers théâtral depuis plusieurs siècles. Mais d’où vient cette croyance ?
- Origines médiévales : La première hypothèse trouve ses racines au Moyen Âge. À cette époque, la couleur verte était souvent associée à la sorcellerie, à la trahison et aux forces maléfiques. On pense que cette association est en partie due à l’importance des forêts dans la vie des populations médiévales. Les forêts étaient un lieu de refuge pour les hors-la-loi, les sorcières et autres créatures maléfiques, et leur couleur dominante était le vert.
- Le vert et Molière : La superstition du vert au théâtre est liée au célèbre dramaturge français Molière. En effet, il est dit que lors de la dernière représentation de sa pièce « Le Malade imaginaire », en 1673, Molière portait un costume vert. Il mourut peu après, et cette coïncidence renforça la croyance selon laquelle le vert porte malheur aux acteurs et aux comédiens.
- Le vert et les acteurs anglais : En Angleterre, la superstition du vert est très présente. Elle est souvent attribuée à la mort de l’acteur Edmund Kean en 1833. Il portait un costume vert lors de sa dernière représentation et mourut peu de temps après. Cette coïncidence renforça la croyance selon laquelle le vert porte malheur au théâtre.
Explications scientifiques et techniques
Outre les croyances et les coïncidences tragiques, des explications plus rationnelles peuvent être avancées pour expliquer la superstition du vert au théâtre.
- Les pigments verts : Les pigments verts utilisés pour les costumes et les décors étaient autrefois fabriqués à partir de composés de cuivre et d’arsenic. Ces substances sont très toxiques et peuvent provoquer des maladies graves, voire mortelles, chez les personnes exposées. Il est donc possible que la crainte du vert soit liée à la dangerosité de ces pigments.
- La difficulté d’éclairage : Au théâtre, l’éclairage joue un rôle essentiel pour mettre en valeur les acteurs et les décors. Or, la couleur verte est réputée pour être difficile à éclairer correctement. Le vert absorbe une grande partie de la lumière et peut donc donner une impression de sombresse et d’obscurité sur scène. Cette difficulté technique pourrait contribuer à la superstition du vert au théâtre.
Témoignages et anecdotes
Les superstitions ont souvent la vie dure, et celle du vert au théâtre ne fait pas exception. Voici quelques témoignages et anecdotes qui illustrent cette croyance.
- Sarah Bernhardt : La grande actrice française Sarah Bernhardt, surnommée « La Divine », était convaincue que le vert portait malheur. Elle refusait catégoriquement de porter des costumes de cette couleur et exigeait même que les rideaux verts soient retirés des loges et des salles de répétition.
- La troupe des Comédiens-Français : La troupe des Comédiens-Français, l’une des plus prestigieuses compagnies théâtrales françaises, a longtemps banni le vert de ses productions. Cette tradition a néanmoins été abandonnée au XXe siècle.
- Le vert au cinéma : La superstition du vert semble s’être étendue au monde du cinéma. En effet, certains réalisateurs et acteurs refusent d’inclure des éléments verts dans leurs films, de peur de porter malheur au projet.
Le vert au théâtre aujourd’hui : une croyance dépassée ?
À l’heure actuelle, la superstition du vert au théâtre est-elle encore d’actualité ? Et quelles sont les conséquences de cette croyance sur la création artistique ?
- Une croyance en déclin : Si la superstition du vert au théâtre a traversé les siècles, elle est aujourd’hui en déclin. De nombreux metteurs en scène et acteurs ne voient plus le vert comme une couleur maudite et n’hésitent pas à l’utiliser dans leurs productions. Cette évolution est en partie due à l’évolution des mentalités et à un recul des croyances superstitieuses.
- Un défi pour les créateurs : Malgré la diminution de la superstition, le vert reste une couleur peu utilisée au théâtre. Cette situation peut être vue comme un défi pour les créateurs, qui doivent composer avec cette couleur réputée difficile à éclairer et souvent associée à des thématiques négatives. L’utilisation du vert au théâtre peut ainsi être un moyen de se démarquer et d’innover.
- Une source d’inspiration : Enfin, la superstition du vert peut être source d’inspiration pour les artistes. Les croyances et les légendes entourant cette couleur peuvent donner lieu à des œuvres originales et intrigantes, qui jouent sur les peurs et les superstitions du public. De plus, la symbolique du vert, liée à la nature, à la chance ou à l’envie, offre un riche éventail de significations à explorer dans la création artistique.
La superstition du vert au théâtre est une croyance ancienne, dont les origines se perdent dans les méandres de l’histoire et des légendes. Si les explications scientifiques et techniques permettent de mieux comprendre cette crainte, il est indéniable que le vert continue de fasciner et d’intriguer dans le monde du théâtre. Si cette superstition tend à s’estomper de nos jours, elle reste néanmoins ancrée dans l’imaginaire collectif et peut servir de source d’inspiration ou de défi pour les artistes. Le vert au théâtre, loin d’être une couleur maudite, représente alors une invitation à repousser les limites de la création et à composer avec les ombres et les lumières de nos croyances les plus profondes.
Alors, la prochaine fois que vous assisterez à une représentation où le vert est présent, n’hésitez pas à vous interroger sur les choix artistiques qui ont guidé sa présence sur scène et à admirer la manière dont les créateurs ont su jouer avec cette couleur, entre malheur et superstition, pour offrir au public une expérience théâtrale unique.